Notre invité de la semaine est considéré comme l’un des meilleurs lyricistes du hip hop gabonais. Bak Attak est un rappeur engagé et respecté qui réunit plusieurs talent: la réalisation vidéo, le beatmaking et le cinéma.
Dans cette interview exclusive, nous avons fait le tour de son parcours dans le milieu de la musique, son Label Bwat’Amusik, son nouvel album à venir, la préparation de son concert tant attendu et ses autres projets.
Bonjour Bak attak, c’est pour nous un véritable plaisir que tu aies accepté cet entretien. Comment vas-tu ?
Bonjour GABON CELEBRITES, c’est cool j’ai la pêche et j’espère que vous aussi.
D’où tiens-tu ton nickname ?
D’un vieux rappeur de mon quartier qui se faisait appeler zack attak. Il était le grand frère d’un ancien membre du groupe New Skool. Big up à lui ! En même temps, on peut aussi me définir comme celui qui revient toujours à la charge d’où «BACK ATTACK » en anglais. Celui qui n’abandonne pas.
Tu as un parcours de vie assez atypique, tu as fait des études et une formation en transit-douanes, et aujourd’hui tu es un artiste hip hop très respecté dans le milieu de la musique urbaine au Gabon. Comment la musique a su prendre le dessus sur l’univers de la douane ?
Je n’ai pas toujours voulu faire le transit-douanes, on me l’a proposé et je me suis dit pourquoi pas. Je ne sais pas si ça a été une bonne expérience ou non mais je ne compte pas le refaire. J’ai vite senti que ce n’était pas mon monde et quand mon cœur ne se donne pas pour quelque chose, je ne force pas.
Tu as toujours cheminé en autoproduction tout au long de ton parcours, est-ce un choix de carrière voulu ou tu n’as simplement jamais eu l’opportunité de rencontrer un producteur partageant la même vision que toi afin de bosser ensemble sur des projets ?
Oui, mais je n’ai pas toujours été en autoprod. Je suis dans la musique depuis bien plus longtemps que sur ma biographie. C’est juste que mes producteurs étaient bien trop occupés par leurs affaires pour m’accorder du temps donc je suis parti une fois que j’ai compris qu’il était possible d’évoluer en indépendant.
En 2008, tu crées ton label ‘‘BWAT’AMUZIK’’, quel est le bilan concernant ce projet et comment évolue-t-il aujourd’hui ?
Mon label est encore en construction. Nous sommes encore au sous-bassement. Il faut encore un certain soutien financier pour que ça ressemble à un réel label. N’empêche qu’on bosse dessus mon équipe et moi afin de mettre en œuvre une entreprise forte et surtout durable.
Comment est née la vision de créer un label comme BWAT’AMUZIK ?
À la base, Bwat’Amuzik était le titre d’une superbe chanson que l’artiste et frère soll buzz et moi avions composé en 2007, mais cette dernière n’a jamais vy le jour. Lui et moi étions dans le projet d’avoir un jour notre propre studio d’enregistrement pour faire notre musique.
Mais parfois la réalité est tout autre, et tenir la route d’un rêve est difficile. J’ai poursuivi le projet tout seul et avec le temps j’ai ouvert un petit studio que j’ai baptisé Bwat’Amusik.
On te décrit comme étant le Molière indigène street, ça te fait quel effet qu’on puisse te comparer à cet illustre écrivain ?
Ben certains amis et mes proches m’identifient à ce personnage à cause de son symbole pour la langue française. Mais je ne suis pas à son niveau, c’est trop fort ça ! (rire). J’aurais quand même préféré être comparé à un écrivain africain, c’est plus représentatif.
Tu as une très belle plume, on peut le remarquer dans tes chansons qui sont écrites avec beaucoup de justesse. Penses-tu que c’est ce qui fait que tu sois un artiste respecté par tes pairs du hip hop au Gabon ?
Petite anecdote! Toutes mes années au primaire, j’avais un répétiteur à la maison qui ne m’enseignait que le français, donc vous imaginez !! Et il me disait sans cesse « faut t’appliquer faut t’appliquer ». J’ai encore sa voix dans ma tête (rires).
Sans aucun doute, ce doit être la cause de mon perfectionnisme, ce qui fit en sorte que certains artistes du hip hop gabonais m’apprécient.
Hormis le fait d’être rappeur, tu es également beatmaker et réalisateur vidéo. Combiner ces deux talents était-il nécessaire pour toi pour le développement de ta carrière ?
Nécessairement ! C’est même assez avantageux car ça me permet de déployer exactement ma vision artistique et de la façonner comme je l’entends.
J’invite tous mes confrères rappeurs à faire de même car jusqu’à présent cela m’a énormément aidé. À ce jour, il ne m’est pas évident de m’offrir un clip à 400 000 fcfa ou une musique à 100 000 fcfa tous les 2 ou 3 mois… Bref vaut mieux apprendre à pêcher que d’attendre le poisson. Et maintenant, j’en fais mon gagne-pain à plein temps.
« Le mapane m’inspire beaucoup car les gens sont moins faux qu’en ville. »
Le monde du cinéma ne t’est pas inconnu car tu as réalisé la série ‘‘Taxi du bled’’, toujours disponible sur ta chaîne YouTube Bwatamuzik. Comment t’es venu l’idée de ce projet ? Et vas-tu le poursuivre ?
Le conducteur du Taxi qui apparaît dans la série est en fait mon élément ALBAN NZALI aka BEN BORGIA un bon acteur metteur en scene.
Souvent, quand on se retrouvait il me racontait des anecdotes de lui et de ses clients. Et comme il a aussi fait l’école du cinéma, c’est de là qu’est partie l’idée d’en faire un court-métrage. Oui, c’est clair que ce projet on va le poursuivre.
À quand un long métrage ?
Dans quelques mois…tic-tac tic-tac.
Toutes tes vidéos mettent constamment en lumière l’univers du mapane. Quel est le message que tu essayes de faire passer à travers ça ?
Déjà, c’est là où je vis et c’est l’univers que je fréquente. Le mapane m’inspire beaucoup car les gens sont moins faux qu’en ville. C’est cette réalité que j’aime dépeindre. Prendre ces images frappantes de gens dans leur quotidien et leur naturel.
Ce mélange de tristesse et de joie, de pauvreté mais aussi de richesse, c’est le message que je cherche toujours à faire passer dans la plupart de mes vidéos.
Ton 1er album, “Délivré 2 ma Kashette” a-t-il atteint l’objectif que tu visais en préparant ce projet ?
Non, il n’a pas atteint le but que je m’étais fixé. Je me lançais à peine dans le milieu, je ne maitrisais encore rien. Je me suis laissé guider par les vendeurs d’illusions (manager et promoteur véreux) et la passion.
C’est une époque où je voulais juste être reconnu et faire le buzz comme on dit sans vraiment connaître le terrain. Aujourd’hui c’est complètement différent.
Tu annonçais en 2016 la sortie de ton 2e album, où en es-tu ?
Je constate que vous me suivez de très près (rires). En effet cet album aurait dû sortir depuis un moment déjà, mais jusque-là toutes les conditions n’étaient pas réunies. D’où le retard.
Néanmoins, à ce jour, il est fin prêt. Avec mon équipe de management, OZIK, nous sommes sur le développement des stratégies pour organiser sa sortie. Vous aurez une date très bientôt ! Je compte sur vous pour soutenir le projet (rires).
Quel sera la particularité de ce nouveau projet par rapport au précédent ?
Coté studio, il est plus mature dans la présentation des thèmes et plus mélodieux dans les sons. Contrairement à « Délivré 2 ma Kashette », sur cet album j’ai reçu des prods d’autres beatmakers tel que Nostalzik.
Le seul point en commun avec le premier album est qu’il est aussi éclectique, il va vraiment dans tous les sens.
Coté promo, je travaille avec une très bonne équipe. Je suis mieux entouré artistiquement. Je sais qu’il ira plus loin que le premier.
Ton concert était prévu pour ce mois de juillet, mais vu le timing cela ne semble plus évident. C’est un évènement très attendu par ton public, alors aura-t-il encore lieu ?
Le « BakUp » se fera ! Mon équipe et moi y travaillons fortement. Comme vous pouvez l’imaginer, nous tenons à ce que le « BakUp » se passe très bien et dans de bonnes conditions.
C’est pour cela qu’à ce jour nous n’avons toujours pas caller de date. Mais le dossier est en bonne voie. Beaucoup de partenaires ont répondu positif à mon « SOS » afin d’apporter leur généreuse contribution d’une manière ou d’une autre.
Nous sommes toujours ouverts aux propositions de partenariat et dans le cas échéant le « BakUp » se fera avec les armes que nous possédons. Le show promet d’être très lourd.
Sur les réseaux sociaux, on lit depuis un moment des critiques contre certains promoteurs de spectacles au Gabon qui semble-t-il ne favoriserait que les mêmes artistes pour des shows et grands évènements au Gabon. Quel est ton point de vue sur le sujet ?
Les promoteurs de spectacle prennent des artistes qu’ils considèrent comme étant les plus en vogue. Ils ne veulent prendre aucun risque et c’est bien normal et dommage en même temps.
Je pense qu’il serait souvent intéressant de faire apparaître certains rookies en avant-première de spectacle de temps en temps pour voir ce que ça peut faire, histoire de tendre une perche à de futurs talents.
Moi c’est ce que j’aurais fait. Je ne pense pas qu’il y a une perte d’argent dans ce cas précis. Plein d’artistes méconnus ont fait leurs preuves sur scène alors qu’on ne les attendaient même pas. Moi par exemple (rire).
Dans un autre cas de figure, les artistes ne devraient plus attendre des promoteurs pour faire leurs preuves bien qu’il ne soit pas aussi donné à tout le monde de réaliser un spectacle promotionnel vu le coût du matériel de scène, etc.
Ils pourraient se mettre en bloc et réaliser des Sound systems à travers la ville. Ce qui, de manière indirecte, attirerait un public et certains promoteurs aussi vers eux, pourquoi pas ! La bwat’amuzik et moi l’avions déjà fait en 2014 et ça a été positif. D’ailleurs, on le refera une fois que la caisse du trésor privé le permettra (rires).
Aurais tu un dernier mot à ajouter et qu’on n’aurait pas abordé ?
Je demande à mes éléments de rester mobilisés car plein de bonnes choses se préparent derrière ce silence.
Nous allons donner un nouveau souffle à cette musique, une nouvelle couleur, pas seulement au hip hop mais à la musique gabonaise en général. La bwat’amuzik au service du peuple. Continuez de liker les pages « BAK ATTAK » et « BWAT’AMUZIK ».
Nous voilà au terme de cette interview, merci Bak Attak d’avoir répondu à nos questions et bon succès pour la suite de ta carrière.
Merci à vous GABON CELEBRITES car très peu ont encore cette éthique du journaliste ici, c’est très bien ce que vous faites je vous encourage aussi dans ce sens.