Aout 2016, nombreux sont les musiciens qui annoncent leur soutien au candidat Ali Bongo Ondimba aux élections présidentielles qui approchent. Parmi eux, Popzek Massassi qui revient avec son titre ‘’Laissez nous avancer,remix ».Celui que ses fonctions de conseiller du président avait éloigné du monde du spectacle, est revenu, accompagné de son compère Maggeintha et la bimbo Shane’l. Sinsh’o, de son coté avec ” la parole aux jeunes 2.0, forme aussi son équipe : parmi eux Lagaff, Ng bling,Créole Jhonny Be good etc …Tout est enfin prêt pour lancer les hostilités, les tubes choisis passent en boucle sur les chaines de télés, youtube, facebook .
La campagne commence à peine que déjà des voix se lèvent pour critiquer la posture prise par des artistes tels que Franck Baponga et d’autres cités plus haut. Matt Seigneur Lion monte au créneau et appelle ses collègues à la retenue, mais trop tard : les billets de Cfa ont déjà été distribués. Le jet privé d’Ali Bongo Ondimba chargé de transporter les artistes dans différents lieux de campagne se métamorphose en studio photo. Très vite, ces quelques petits instants ajoutés aux rumeurs sur les énormes sommes reçues par ces artistes- musiciens ne semblent pas du goût des fans. Les chanteurs se justifient en déclarant qu’ils ne font qu’exercer leur métier. Mais, trop tard, pour beaucoup le divorce est consommé
Aujourd’hui, l’élection est finie, les résultats connus, pourtant les gros perdants pourraient être les artistes musiciens gabonais qui ont soutenu le vainqueur. Déjà évoluant dans un contexte culturel défavorable du fait de l’absence des droits d’auteurs ou de structures adéquates, les artistes pourraient même aujourd’hui perdre ce qui constitue le pilier de leur carrière : leurs fans ! On voit déjà les premiers effets de leur engagement maladroit sur les réseaux sociaux. Franck Baponga , Shan’l ou meme Tina , pour ne citer que ces trois là, en font déjà les frais. Des pages entières sont crées pour les vilipender violemment et discréditer leurs images. Leurs pages Facebook sont envahies des commentaires déplacés. A l’allure où nous en sommes, on se demande quel expert en relations publiques pourrait renouer le lien entre ces artistes et leurs fans. Les dégâts ne s’arrêtent pourtant pas là puisque la polémique gangrene les relations entre les artistes eux-mêmes.
Dans ce milieu originellement peu uni et peu solidaire, ces dissensions ne peuvent qu’aggraver des tensions déjà existantes et ne favorisent pas l’essor d’une potentielle industrie du disque au Gabon. On a vu des artistes -musiciens s’insulter via des réseaux sociaux. Or, des tels comportements ne pourront que compromettre des potentielles collaborations dont sortirait pourtant grandie l’industrie musicale. De même, il sera probablement difficile pour les artistes ayant critiqué le pouvoir en place d’être visibles sur les différents concerts et événements quand on sait que ceux-ci sont organisés par des structures proches du pouvoir. Entre nous, pensez-vous dans un proche avenir pouvoir écouter un Ndjassi Ndjass featuring Matt Seigneur Lion ?
Le milieu de l’événementiel n’est pas non plus en reste. Très peu de promoteurs de spectacles n’osent prendre le risque d’organiser des évènements. Le Festival de la mode urbaine prévu début septembre a été tout simplement annulé. Plusieurs boites de la capitale ont été contraintes de fermer ou traversent des périodes difficiles, plus de show case et un public clairsemé. Bref, un bilan bien négatif sur le plan culturel de ces élections dont il faudra que chacun tire les leçons.
Credit photos :Mack Mudji