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Latif Ogoula : « il faut que l’Etat fasse de la culture une priorité »

Latif Ogoula : « il faut que l’Etat fasse de la culture une priorité »

L’équipe de Gabon Célébrités est allée à la rencontre d’une personnalité très appréciée dans le milieu culturel  gabonais. Son nom, Latif Ogoula, son écharpe autour  du cou, empruntant le même taxi c’est à bord de celui-ci que nous est venue l’idée de lui faire une interview et qu’il nous éclaire sur son parcours et ses projets concernant la valorisation de l’art et la culture gabonaise.

GABON CELEBRITES : Bonjour Latif, c’est un plaisir de t’avoir, comment vas-tu  ?

LATIF OGOULA : Bonjour c’est moi qui vous remercie pour la disponibilité, l’engagement et la valeur que vous apportez à la culture dans notre pays.

 

GABON CELEBRITES : Tu es aujourd’hui un acteur incontournable dans le milieu culturel au Gabon. Raconte-nous ton parcours ?

LATIF OGOULA : Concernant mon parcours comme je le dis souvent je suis parti du bas de l’échelle, au haut de la chaîne. J’ai débuté dans ce milieu en tant que bénévole en 2005-2006 grâce au ‘‘festival Gabao’’ dirigé par le grand frère Jules Kandem. Suite à ce festival, je suis devenu chef de groupe des bénévoles, puis assistant en communication et j’ai pu poursuivre une formation de 2 ans en régie générale de spectacle administration culturelle à l’étranger. Revenu au Gabon, Jules Kandem m’a confié la communication du festival  en 2008. Soucieux de parfaire mon expertise dans le domaine je repars pour une autre formation en régie générale de spectacle, et à partir de 2011-2012  je suis devenu le régisseur général du festival. Tout ceci pour dire que je suis parti du bas de l’échelle, par la formation, les rencontres et pour devenir aujourd’hui ce que j’ai toujours voulu être.

 

Latif 1

GABON CELEBRITES : Quelle a été ta motivation en rentrant dans ce milieu ?

LATIF OGOULA : La première raison c’est la passion, la deuxième raison c’est que lors de mes formations j’ai eu la chance d’avoir des experts de l’Union Européenne, de la Francophonie, de l’UNESCO qui n’ont pas cessé de nous dire que le développement que l’on recherche dans nos pays respectifs est au cœur des activités artistiques et culturelles. Ce qui prouve qu’au-delà de la politique, la culture peut énormément apporter au développement des pays. La dernière raison est qu’en travaillant ailleurs, en Afrique du Sud, au Sénégal, en  France, au Burkina, au Maroc, j’ai vu les directeurs artistiques, les acteurs culturels vivre de leur art. Je me suis alors dit que c’est possible, on peut en faire un métier au lieu d’aller saturer la fonction publique pour être fonctionnaire. Donc si on parvient à libéraliser ce secteur qu’est la culture, ça peut réduire  le chômage, et aujourd’hui j’estime que c’est possible.

 

 

GABON CELEBRITES : Quelle est la solution pour pouvoir en vivre ?

LATIF OGOULA : Je le répète, c’est possible de pouvoir vivre de ce métier et ce pour 2 raisons. Premièrement, il faut d’abord que les acteurs culturels et les artistes se forment, car c’est par la formation qu’on arrive à avoir les outils pour savoir comment ça fonctionne et comprendre les choses autrement. Deuxièmement, il faut que l’Etat fasse de la culture une priorité. L’Etat donne le ton, donne les directives, ouvre le chemin, facilite les choses et nous acteurs culturels et artistes on apporte le contenu, la formation et l’envie de faire quelque chose de bien car au Gabon nous avons des talents et de la créativité.

 

 

GABON CELEBRITES : Tu es à l’initiative du Festival ‘‘ Plateau jeune création Libreville’’ qui on le rappelle est à sa 5e Edition. Pourquoi l’avoir créé et quel bilan fais-tu de ce festival depuis sa création ?

LATIF OGOULA : L’idée de ce festival part d’un constat car depuis 10 ans nous avons la chance de tourner à travers le monde à savoir le Brésil, le Danemark, la France, le Benin, le Burkina, le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Cameroun etc. On s’est rendu compte qu’il n’existe pas de présentation, de création artistique gabonaise sur des projets à l’international en l’occurrence des festivals. C’est au sortir de cette tournée qu’on s’est dit qu’il était important de poser des bases sur le plan local et d’aider les jeunes à y arriver par la mise en place du Festival Plateau Jeune Création. Ces jeunes danseurs bien que talentueux n’avaient pas d’outils ni d’orientations, donc un coaching était nécessaire pour les amener à un niveau supérieur.

En terme de bilan, les résultats sont positifs, car en 5 ans nous avons pu produire et former 250 jeunes gabonais, en 5 ans on a produit 32 spectacles, en 5 ans nous avons 15 jeunes gabonais qui travaillent à  travers le monde dans des compagnies en Hollande, en  France, en Allemagne, aux Etats-Unis, en Asie et nous avons 12 jeunes gabonais qui ont été  formés dans les centres professionnels au Sénégal, au pavillon noir et à Roubaix en France, au Burkina, en Afrique du Sud. Comme autre exemple concret, nous avons eu l’année passée un jeune danseur gabonais au nom de Djaroule qui était à ‘‘l’Afrique a un incroyable talent’’ et sur 720 participants il était parmi les 10 finalistes, ça confirme qu’il y a du talent. Pour finir, nous avons également un danseur que nous avons formé et encadré, son nom c’est Bazko,  qui après est allé aux Etats-Unis et en 2016 il a remporté le prix de ‘‘Miami Got Talents’’, ce prix lui a donné la possibilité de faire une tournée américaine et d’avoir un permis de travail aux Etats-Unis. Aujourd’hui ce jeune ne rêve plus de la fonction publique car son art lui permet aujourd’hui de gagner sa vie.

 plateau jeune creation

 

GABON CELEBRITES : Quel est la particularité de l’édition 2017 ?

LATIF OGOULA : La particularité de cette édition c’est sur la générosité artistique car on a pas attendu l’Etat pour continuer et persévérer dans ce projet, d’où l’accent sur la solidarité, car si entre nous on n’est pas soudé on ne pourra pas avancer. Aussi, nous avons invité une journaliste culturelle d’origine Congolaise (Congo-Brazzaville), rédactrice en chef des ‘‘Dépêches de Brazzaville’’. Elle a formé pendant 5 jours les journalistes culturels en leur donnant des outils et l’énergie pour continuer le combat au quotidien et qu’ils persévèrent dans leur secteur vu qu’on n’a pas une école de journalisme culturelle au Gabon et l’ensemble de ce qu’ils font c’est la passion qui les anime. Comme autre particularité de cette édition, nous avons également invité un danseur-chorégraphe, directeur de théâtre en Allemagne qui a formé pendant 2 semaines les danseurs et la moitié des créations qui ont été présentées le Vendredi 28 et Samedi 29 Avril 2017 et représenteront l’Afrique à Berlin en Allemagne en 2018.

 

GABON CELEBRITES : Y a-t-il d’autres évènements que tu prépares  durant cette année ?

LATIF OGOULA : Oui, nous avons 4 grands évènements prévus. À partir de ce mois de mai, nous travaillons avec l’ambassade des Etats-Unis pour recevoir une des meilleures compagnies américaines de danse  au nom de ‘‘Battery Dance’’ qui seront pendant 10 jours à Libreville afin de former les jeunes gabonais et créer des opportunités pour ces derniers. Ensuite, nous avons un projet pédagogique musical avec la gabonaise Paméla Badjogo qui sera là au mois de juin pour une tournée de 2 voire 3 dates en provinces pour former les jeunes, puis  nous avons les Jeux de la francophonie, 2 groupes de danse qu’on amènera pour les jeux en Côte-D’ivoire, enfin comme évènement il y a les ‘‘Sambas Professionnels’’ qui se dérouleront à partir du mois de Juin.

 

 Latif 2

GABON CELEBRITES : Un dernier message à ajouter ?

LATIF OGOULA : Nous vous remercions Gabon Célébrités pour tout ce que vous faites et juste rappeler à tout le monde que l’ensemble des créations qui ont été présentées le vendredi 28 et samedi 29 Avril lors du Festival Plateau Jeune Création vont représenter le Gabon à travers le monde à partir de Septembre 2017.

 

GABON CELEBRITES : Nous voilà au terme de notre entretien, merci Latif d’avoir répondu à nos questions.

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