La réalisatrice l’affirme elle-même, elle affectionne interroger le lien humain en filmant la différence. C’est donc au sein d’un groupe de footballeurs sourds de Libreville que Nathalie Pontalier a décidé de poser sa caméra pour un travail de longue haleine.
Deux années lui ont été en effet nécessaires pour nouer des liens et nous offrir ce portait d’un groupe de sourds muets gabonais qui, les yeux plantés dans l’objectif, nous livrent en langage des signes un témoignage inattendu sur leur handicap.
Le pari était risqué mais Le Club des Silencieux ne tombent jamais dans le pathos, bien au contraire. Si l’on est ému par les récits de rejets dont les protagonistes ont été victimes, ou celui de cet adolescent servant d’interprète au groupe car il communiquait avec sa mère en langage des signes, il s’avère vite que le petit groupe mené sous la férule de leur coach Aboubakar est constitué de bavards comme les autres.
La bande son composée uniquement des bruits de rue oblige le spectateur à entrer dans cet univers à part entière qu’offre la langue des signes. Et l’on finit par rire des remarques des jeunes héros sur les entendants, rire du coach un peu trop démonstratif qui a visiblement été frappé par la polio, rire de tous les petits travers qui confèrent aux protagonistes une humanité ainsi retrouvée.
Le regard de Nathalie Pontalier sait être objectif quant aux difficultés rencontrées par le groupe qu’elle filme, mais aussi tendre et sans jamais dans la complaisance. Et l’on finit par souhaiter la victoire de l’équipe d’Abou, à la Coupe du monde des sourds à laquelle elle participe comme l’on souhaiterait la victoire de son équipe nationale.