Bien sûr, l’on ne peut que se féliciter de la projection jeudi 7 mai à l’Institut français de Libreville du premier film de Rudy Ndong Mve, Little Mapane. Les occasions de visionner du cinéma made in gaboma, qui plus est plantant la caméra au cœur des quartiers défavorisés de la capitale, sont suffisamment rares pour que l’on ne boude son plaisir. Le public, venu plus nombreux que pour la projection la semaine précédente du pourtant internationalement auréolé Timbuktu d’Abderrahmane Sissako, ne s’y est d’ailleurs pas trompé, et a manifesté son bonheur à entendre des expressions en plus pur toli bangando portées par la bande des gamins du Mapane ou personnage haut en couleur de « Batman ».
Notre impression finale sera cependant bien mitigée. En effet, même si nous avons pleinement conscience des difficultés de production et de tournage que rencontrent ces audacieux désireux de faire du cinéma au Gabon, devons-nous pour autant supporter une telle indigence technique ? Un film réalisé avec appareil photo ne nous parait pas justifier des cadrages coupant la tête des personnages, des prises de son où l’on n’éteint pas les bruits des machines environnantes rendant de fait inaudibles les dialogue des acteurs. Et cela, sans parler d’une musique omniprésente faisant figure de pale cache misère, des dialogues visiblement improvisés et amenant redites sur redites, un montage à la vas-y que je te pousse, des mouvements de camera aussi flous qu’épuisants, un scénario des plus acabradantesque, etc.…
Le public gabonais nous parait pourtant digne d’un cinéma qui respecte la grammaire du genre, rendant ainsi pleinement hommage à la réalité qu’il souhaite représenter. Désolé, M. Ndong Mve, l’intention aussi louable soit elle ne saurait faire le cinéaste !