Bonne nouvelle pour le cinéma gabonais : la nouvelle réalisation du jeune cinéaste gabonais Amédée Pacome, Moane Mory , a été retenue dans le cadre de la sélection officielle des Courts Métrages du Festival de Cannes actuellement en cours. L’occasion pour GabonCélébrités de revenir sur ce projet avec son heureux réalisateur
GC : GabonCelebrités
APN A: Amédée Pacome Nkoulou Allogo
GC. Merci Mr Amedée Pacome de nous accorder cette interview, comment allez-vous ?
APNA . C’est moi qui tiens à vous remercier, c’est un plaisir et je vais très bien.
GC. Grosse nouvelle pour le cinéma gabonais : Moane Mory a été sélectionné au Short Film Corner (NDLR : Festival de Courts Métrages, organisé dans le cadre du Festival de Cannes), comment avez-vous reçu la nouvelle ?
APNA. Ce fut un moment particulier. Quand nous avons terminé le montage du film, nous avons pensé à Cannes, vu que la clôture pour l’inscription des courts métrages avait lieu juste quelques jours plus tard. J’ai dit au producteur « Pourquoi pas Cannes? » et il m’a répondu « vas-y ! Inscris le film. » Nous l’avons fait et une semaine après nous avons reçu l’accréditation de Cannes qui avait sélectionné le film. Pour moi, le plus important c’est que le film découvre d’autres cultures cinématographiques, d’autres peuples et surtout d’autres regards.
GC. Eh oui ! Cette sélection fut presque inattendue ! Le Festival de Cannes, plus grosse messe cinématographique au monde, fait-il rêver le jeune cinéaste que vous êtes ?
APNA Evidemment, Cannes pour un cinéaste c’est comme une coupe du monde pour un footballeur. Le plus important pour moi dans ce genre de manifestations, c’est de montrer aux yeux du monde que nous sommes capables de faire des choses et de belles choses. L’Afrique en général et le Gabon en particulier ne sont pas en reste pour ce genre d’événements qui est pour moi une jungle d’images où il est important de se distinguer même par une minute d’image.
GC. Et si vous nous en disiez un peu plus sur Moane Mory qui a été projeté lors du dernier Festival du film européen à l’Institut français. Moane Mory, de quoi s’agit il ?
APNA. Moane Mory est un court-métrage de 20 minutes qui relate une rencontre lors d’un vernissage d’une exposition de tableaux entre Isa jeune étudiante et Jack un peintre d’une quarantaine d’années. A l’issue de la rencontre, une amitié s’installe d’abord amicale puis amoureuse. Très vite, Jack propose à Isa de devenir sa fiancée mais Isa ne peut rien décider sans d’abord présenter Jack à sa maman. Ce jour-là, la rencontre a lieu et les visages sedécouvrent…Pour moi il était question de montrer qu’on peut fréquenter des gens partout dans la vie sans forcement savoir qui ils sont dans le fond. Je souhaitais susciter chez ceux qui font des enfants ou qui aspirent à le faire à prendre toutes leurs responsabilités dans l’accompagnement de leur progéniture afin que celle-ci grandisse sans se poser de question relative à leur épanouissement. Le film est surtout un hommage à une amie qui a quitté ce monde il y a quelques années.
GC. Nous avons pu voir un de vos projets de fin d’études. Il faut le dire, vous êtes un produit de l’Isis, cette grande école de cinéma du Burkina, c’est peut être trop tôt pour l’affirmer définitivement, mais vous semblez être très investi dans les sujets à caractère social.
APNA. Effectivement, après l’obtention de mon baccalauréat en 2007, je suis allé poursuivre des études de cinéma au Burkina Faso à l’Isis (NDLR : Institut supérieur de l’image et du son). Je suis revenu au Gabon en 2011 et j’ai commencé à travailler comme stagiaire sur plusieurs projets. En ce qui concerne le choix des sujets, moi je raconte des histoires et des histoires qui me tiennent à cœur. Souvent je regarde mon milieu, mes proches, mes parents, ma famille et mon environnement, j’observe, j’analyse et je me pose des questions. Ensuite l’idée de faire un film me vient, les sujets à caractères sociaux se présentent tous seuls à moi sans que je ne m’en rende compte. Ce qui m’intéresse, c’est raconter une histoire qui parle à chaque individu.
GC. Revenons à Moane mory , comment s’est passée la préparation de ce projet ? Avez-vous facilement trouvé des financements ? A part l’Igis, qui d’autre a participé à la réalisation de cette œuvre ?
APNA. Moane Mory est un projet que j’ai préparé pendant 2 ans rien que pour l’écriture du projet. La préparation (repérage, casting et toute la prépropduction ) a eu lieu pendant 3 mois de juin 2013 à septembre2013. Nous avons commencé le tournage en octobre 2013. Les financements ont été apportés uniquement par la collaboration de l’Igis. De la préproduction jusqu’à la diffusion du film, tout a été financé par l’Igis, structure étatique donc par l’état gabonais. J’ai réalisé le film avec l’accompagnement d’une équipe de techniciens tous gabonais.
GC. Nous notons la présence des nouveaux talents niveau cast, que pouvez-vous nous dire là-dessus ?
APNA. Le casting s’est fait tout naturellement mais avec beaucoup de délicatesse pour les différents personnages. Pour le personnage du peintre, je cherchais quelqu’un qui impressionne physiquement et Michel Ndaot répondait directement à ce critère. Mais derrière ce côté physique, on recherchait une personne vulnérable, enfantine et timide face à l’amour. Pour nous Michel était le numéro1 pour décrocher ce rôle. Je souhaitais apporter une jonction entre la nouvelle génération de l’actorat gabonais représenté par Eunice Biyoghe et les grands du métier comme Michel Ndaot et Luce Malékou qui possèdent une certaine expérience et une autre approche face aux personnages.
GC. Et cela pour le bien du cinéma gabonais à qui on a toujours reproché de ne pas promouvoir les jeunes talents. Alors après ce court métrage, bientôt des gros projets en perspective ?
APNA. Je travaille sur plusieurs projets où je devrais être assistant à la réalisation. Je travaille aussi sur un prochain projet de film, mais j’en parlerai avec plus de précisions le moment venu.
GC. Très bien, alors un dernier mot à ajouter pour nos lecteurs à travers le monde ?
APNA. Je tiens simplement à remercier toutes les personnes qui m’ont accompagné et qui continuent à me soutenir. Je remercie les cinéphiles et tout le public en général, c’est grâce à eux et à leur chaleur que nous avons la force de faire ce que nous aimons faire. Merci surtout à vous GabonCelebrités de m’avoir donné la possibilité de m’exprimer.
GC. Nous vous remercions aussi de votre disponibilité et vous souhaitons le meilleur dans votre carrière
APNA. Merci infiniment.