Le communiqué du Ministère de la communication, lu sur le plateau du 20h de Gabon 1ère le 3 septembre, a sonné comme un avertissement. Accusés de prendre part à une opération généralisée de dépravation des mœurs, certains médias ont été rappelés à l’ordre par le Gouvernement.
Non, Creol ne fait pas l’objet d’une interdiction de la vente, de la diffusion et de la promotion de ses œuvres sur l’étendue du territoire gabonais, mais l’occasion est trop bonne pour ses détracteurs.
Une coupable idéale
Un an après “Bonobo” et cinq mois après “VIP”, deux clips qui ont défrayé la chronique, Creol devient aujourd’hui le symbole désigné de la dépravation des mœurs au sein de la société gabonaise.
Alors que le communiqué du ministère de la communication ne cite pas explicitement l’artiste, l’allusion à sa télé-réalité diffusée sur Gabon 1ère a suffit à en faire le bouc émissaire des internautes sur les réseaux sociaux.
Cette censure, qui n’en est pas une, arrive après la diffusion de la quasi-totalité de la première saison de sa télé-réalité “Fantastik Life” sur Gabon 1ere, alors que celle-ci avait bénéficié d’une promotion importante de la part de la chaîne publique et sur les réseaux sociaux.
Au moment de son lancement, la production de la télé-réalité avait déclaré que la chaîne publique tentait d’attirer un public jeune et souhaitait mettre en avant les artistes les plus suivis. La responsabilité d’inclure “Fantastik Life” dans la nouvelle programmation de la chaîne doit-elle imputée à Creol ?
Le communiqué partage clairement les responsabilités en rappelant aux responsables des médias du services publics placés sous sa tutelle technique mais aussi […] et aux médias privés, que l’atteinte aux bonnes moeurs est un délit puni par le Code Pénal.
Le ton direct de Creol et son univers musical étaient-ils vraiment compatibles avec le contenu d’une chaîne publique ? Au moment où “Fantastik Life” était annoncée, il était étonnant de constater que le canal de diffusion choisi avait été Gabon 1ère et pas YouTube par exemple.
La dégringolade depuis la fin de la collaboration avec Direct Prod
Il y a quelques mois, Créol annonçait son départ de Direct Prod pour des raisons artistiques. La chanteuse voulait prendre une autre direction disait-elle et annonçait de suite la sortie de son nouveau titre “H20”.
Avec cette “liberté” retrouvée, la jeune femme, déjà adepte des lives Facebook, a intensifié sa présence sur le réseau social en partageant l’évolution de sa carrière, ses coups de gueule, ses prises de position presque quotidiennement. Cela n’a pas toujours été bénéfique pour Créol dont les lives sont devenus des plateformes de pugilat entre ses détracteurs et ses fans.
Depuis l’avènement des réseaux sociaux certains artistes s’adressent à leur public sans filtre, sans être dirigés ou au moins recadrés par leurs équipes. Des artistes qui n’ont souvent aucune stratégie de communication mise au point pour mieux contrôler leur image. Sous la houlette de Direct Prod, bien que la chanteuse créait déjà le “buzz”, sa communication était mieux encadrée.
Face aux réactions et aux soupçons d’implication dans le communiqué du ministère de la communication, Edgar Yonkeu, patron de Direct Prod a réitéré son soutien à Creol et demandé à tous les artistes de la soutenir et refuser la “censure”.
Et maintenant ?
Bien que Creol n’ait fait aucun live depuis 24h et ne se soit fendue d’aucune déclaration officielle depuis la diffusion de ce communiqué et la nouvelle de l’arrêt de sa télé-réalité sur Gabon 1ère, la “Diva” n’est pas restée totalement silencieuse.
La chanteuse a publié un statut laconique sur Facebook, sûrement le temps de mieux préparer sa “contre-attaque”.