Début de week-end “coup de gueule” chez les artistes et professionnels de la culture après le concert de Maître Gims à Port-Gentil.
Une organisation bâclée?
Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup, c’est l’expression qui nous est venue à l’esprit au moment de l’annonce du concert de Maître Gims au Gabon. Communication floue, organisateurs pas clairement identifiés, une pluie qui a sonné comme un avertissement au début du concert, peu d’engouement populaire; l’affaire était mal partie.
Entre rumeurs et kongossa sur la toile, il était difficile de cerner le vrai du faux, mais un premier coup de gueule, publié sur son compte Facebook, par Magali Palmira Wora, professionnelle incontournable de la culture, a confirmé ce qui se murmurait.
Le manque de professionnalisme dans le showbiz
A l’initiative d’une formation sur la gestion des projets culturels entre le 13 et le 17 novembre, Magali Palmira Wora a d’abord déploré le fait que peu d’artistes ou de managers prennent le temps de se former aux enjeux des métiers de la culture et de l’organisation d’événements. Pour preuve, l’amateurisme dont semble être entaché la venue de Maître Gims au Gabon.
Continuant son propos, elle a regretté le manque d’implication des pouvoirs publics censés mettre en place un cadre légal adéquat. Aux “mécènes politiques”, Magali Palmira Wora lance: “Vous êtes une honte. C’est vous qui tuez ce pays avec votre mentalité villageoise”. C’est dit!
En effet, on a parfois l’impression que n’importe qui peut décider d’organiser un concert sans que l’on ne connaisse ni les ressorts financiers ni les motivations.
La montée au créneau de Magali Palmira Wora, qu’on ne peut pas accuser de partialité, est l’illustration parfaite qu’un changement profond doit être opéré.
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No Money, No Respect, No Show
Les musiciens au Gabon ne sont-ils que des marionnettes qui ne servent qu’à des opérations de communication ? Les artistes ne sont-ils que des maillons utilisés par des organisateurs mafiosi qui utilisent différents moyens pour soutirer de l’argent à des mécènes ou à des sponsors ?
Les années passent et les pratiques semblent ne pas changer. Ce n’est pas Shan’L qui dira le contraire. “Je vais toujours parler” a t-elle scandé dans un live Facebook aujourd’hui, pour exprimer son ras-le-bol. L’artiste serait-elle en train de relancer le mouvement “No Money, No Respect, No Show” lancé par NG Bling en 2016 ?
Encore des plaintes de musiciens qui ne sont pas rémunérés et à qui ont brandi souvent une pseudo exposition en échange de prestations. Des musiciens qui sont payés avec des sommes dérisoires quand des célébrités venues d’ailleurs empochent des millions. Des musiciens qui se taisent pour faire bonne figure parce qu’ils préfèrent le buzz quand on sait qu’être vu ne paye ni les factures et ni n’assure de “percer” dans le long terme.
Si une artiste comme Shan’L qui semble être bien entourée, signée chez Direct Prod, fait un live Facebook matinal pour dénoncer l’amateurisme des organisateurs du spectacle de Port-Gentil c’est que le mal est profond. Si Shan’L n’a pas été payée voire a été maltraitée par ces organisateurs, qu’en est-il des autres artistes locaux ? D’ailleurs, on peut se demander pourquoi certains artistes n’étaient pas présents pour assurer la première partie de ce concert. Peut-être avaient-ils senti “l’arnaque”.
Comment Shan’L a t-elle pu se retrouver à Port-Gentil sans même avoir reçu la moitié de son cachet ou un pourcentage de ce dernier ? La question n’aurait-elle pas dû être réglée par son équipe avant de quitter Libreville?
Force est de constater que nous sommes encore loin d’avoir une “industrie” de la musique au Gabon, avec des codes et des règles claires et bien définies. Car en réalité, cette industrie compte encore trop de personnes mal intentionnées qui manipulent les artistes pour se remplir les poches. Et ce comportement est encouragé par les musiciens eux-mêmes qui souvent, ne mesurent pas l’importance du travail qu’ils font ou s’entourent mal.
Si certains musiciens ne cessent de penser qu’ils sont privilégiés, ils seront certes visibles à la télé et très écoutés en radio mais resteront invisibles en banque. Très peu de musiciens sont montés au créneau depuis ce live pour dénoncer le traitement infligé à Shan’L ou montrer que sur ces questions, au moins, ils peuvent faire front commun.
Cela prouve que des coups de gueule on en verra encore et que bientôt, plus vite qu’on ne le pense, on sera déjà passé à autre chose.