Cela fait deux ans que Dona Pascale EYANG NDONG a fait le grand saut dans l’inconnu. Après avoir jonglé entre son emploi et sa passion pendant plusieurs années, la jeune femme a décidé de fermer une porte de sa vie pour en ouvrir une nouvelle qui lui offrait plus de plaisir et de curiosité. De Port-Gentil aux fashion weeks continentales, la marque Dona PEN Design s’est muée en ambassadrice de la Haute couture gabonaise. Une histoire, un parcours, un talent que nous vous faisons découvrir.
Après avoir passé des années à travailler dans une compagnie pétrolière, vous vous êtes reconvertie dans la mode ? Pourquoi ce choix ?
J’ai en effet travaillé pendant une dizaine d’années avant de décider de quitter ce confort pour me lancer à temps plein dans le développement de ma marque Dona PEN Design. Le choix d’une carrière en tant que créatrice de mode s’est fait progressivement.
J’ai d’abord commencé à dessiner pour moi, pour être unique et originale. Je trouvais les modèles dans les catalogues disponibles chez les couturiers trop traditionnels, ils manquaient de fantaisie, de fraîcheur. de plus en plus de personnes ont apprécié mes créations et m’ont demandé de dessiner pour eux. C’est ainsi qu’est né mon attrait pour la création.
Pour ce qui est du pagne, c’est un séjour professionnel au Nigeria qui en est à l’origine. De fil en aiguille, ma passion pour la création et le plaisir de voir les autres heureux dans mes créations a pris plus de place et en demandait plus. J’ai combiné ma passion et mon travail pendant près de 5 ans, de 2011 à 2016.
Je me sentais plus libre, plus vivante, plus épanouie et plus utile quand je me dévouais à ma marque Dona PEN Design. Fin 2015, le choix s’est imposé à moi et un an plus tard c’est devenu une réalité.
La transition a-t-elle été difficile ? Avez-vous eu des moments de doute ?
La transition a été plus libératrice que difficile pour moi. C’était un choix mûrement réfléchi. Douloureux, mais réfléchi. Deux ans après avoir fait ce choix, je n’ai toujours aucun doute. Je ne regrette rien. Chaque jour j’apprends davantage.
Dona PEN Design votre marque, existe en effet depuis 2016. Comment avez-vous réussi à vous imposer dans ce milieu ?
Avant toute chose, je tiens à préciser un élément d’importance quant au nom de la marque Dona PEN Design. Il a été inspiré par une de mes sœurs en 2011; ce qui fait que le nom de la marque existe depuis 2011, mais la marque existe juridiquement depuis 2016.
Je ne dirai pas que je me suis imposée. J’ai fait et je fais ce que j’aime. Je préfère penser que c’est l’univers de la marque, sa fantaisie, sa façon de présenter et d’utiliser le pagne qui a su séduire et s’imposer aux personnes qui l’apprécient aujourd’hui.
Nous imaginons que vous avez dû traverser des difficultés, une en particulier que vous souhaitez partager ?
La plus grande difficulté est liée pour moi à la mentalité du public. Il a encore du mal à faire la distinction entre un travail de couturier et celui de designer/créateur et de facto à payer le prix. Ceux qui sont attachés à la marque apprécient notre travail et n’hésitent pas à payer pour du Dona PEN, pièce unique ou collection. Ils sont notre principale source de motivation. Nous en profitons pour les remercier et leur faire un clin d’œil, ils se reconnaîtront ! (rires)
Malheureusement, on a souvent des clients qui font des remarques et sous entendent qu’ils préfèrent avoir des pièces uniques ou très limitées mais ne sont pas prêts à payer le prix de la rareté !
Nos créations offrent des voyages et des découvertes à travers les matières que nous utilisons et associons.
Le wax est votre tissu de prédilection, il existe déjà au Gabon de nombreuses marques qui travaillent cette pièce. Comment Dona PEN Design arrive à tirer son épingle du jeu ?
Dona PEN Design n’est pas juste une marque qui propose des créations en wax. C’est une marque qui propose un univers, de découverte, de fantaisie et de risques. Nos créations proposent des associations d’imprimés improbables. C’est un exercice parfois risqué qui oblige aussi à sortir de sa zone de confort, à oser, à se découvrir à travers ces prises de risque.
Nos créations offrent des voyages et des découvertes à travers les matières que nous utilisons et associons. Par exemple, la collection “Wax in the fifties” était un véritable voyage dans les années 50. Notre ancien Ministre des PME, Biendi Maganga Moussavou l’a d’ailleurs comparée avec plaisir à la comédie musicale “Lalaland”. La collection “Teranga”, inspirée de mon voyage au Sénégal, associe le bogolan, le jean et le wax.
Comment définiriez-vous Dona PEN, sa vision ?
Dona PEN est une marque fraîche et décalée qui offre des créations colorées, majoritairement à base de pagne. C’est le nouveau chic avec une touche de fantaisie et de glamour.
La vision de la marque est de faire (re)découvrir les tissus africains et de les (ré)intégrer dans nos habitudes vestimentaires quotidiennes en étant chic et glamour.
Si vous deviez recommander une pièce de vos créations laquelle serait-elle ? Pourquoi ?
C’est un choix difficile que vous me demandez de faire ! (rires) J’ai en général toujours un coup de cœur pour une pièce dans chacune de mes collections. Mais puisque je ne peux en choisir qu’une (difficile, difficile), je dirais le “Trench coat” manches longues.
Tout d’abord parce que le Trench est une création intemporelle, c’est une pièce qui rehausse votre style avec subtilité et classe. Ensuite, parce que dans mon adaptation du Trench coat, on retrouve la touche Dona PEN : le jeu de l’a priori avec le mélange d’imprimés et le bouton en initiales “DP”, sculpté dans de la noix de coco par les talentueux artisans gabonais d’ O’Nyanga Design. C’est un look moderne avec du pagne.
En 2017, vous avez participé à la Dakar Fashion Week, puis à l’African Fashion Festival à Accra et à l’International Fashion Show en Angola. Il y a encore quelques semaines, vous étiez à Casablanca pour le Festival International de la Mode Africaine. Comment se sent-on après un tel marathon ?
On se sent enrichi. Définitivement.
La Dakar Fashion Week a été le premier défilé à l’international pour la marque. Cela a été le véritable déclic. Vous avez l’impression de rêver, parfois vous ne réalisez pas y être. Il y avait une telle concentration de talents, de sources d’inspiration. J’ai également appris que votre travail parle pour vous.
Le plus incroyable dans tous ces rendez-vous de la mode, du moins ceux auxquels j’ai participé, c’est qu’il y a chez les plus grands, les meilleurs, tels que Soraya Da Piedade, Elie Kuame, Adama Paris, Tina Lobondi, Zaineb Elkhadiri, pour ne citer que ceux-là, une véritable humilité, un véritable don de soi. On apprend à leurs cotés tout en s’amusant, en discutant, sans protocole, en toute simplicité. Aujourd’hui, on fait tous partie d’une famille. On a du mal à se séparer à la fin des fashion weeks, on en pleure parfois (rires). Ça devient une famille.
Que diriez-vous que ces défilés vous apportent à chaque fois ?
Au-delà de présenter nos créations et ce que la marque sait faire, participer à ces défilés à l’international permet d’avoir une idée de ce que la marque vaut sur le marché international, comment notre univers, nos créations sont accueillis. Cela donne envie de se surpasser pour être à la hauteur des stylistes avec lesquels on a l’honneur de partager le podium et du public qui est notre véritable critique.
C’est une opportunité immense d’ouverture d’esprit, de découverte dans les techniques de création et de matériaux, d’exploitation des matières, de partage de cultures.
Votre nouvelle collection a été présentée il y a quelques semaines. Que pouvez-vous nous en dire ?
Notre nouvelle collection a été baptisée “JE T’INVITE”. Elle a été présentée pour la première fois à Luanda, en Angola, ensuite à Casablanca, au Maroc. L’inspiration de cette collection est venue du raphia, matériau très utilisé dans notre culture vestimentaire traditionnelle. L’idée était de découvrir une nouvelle facette de ce matériau, comment il pouvait être utilisé différemment dans des créations modernes que l’on pouvait porter à un rendez-vous de travail ou pour un dîner sans que cela ne fasse ringard ou trop traditionnel.
Comment et où peut-on se procurer vos créations ?
Nos créations sont disponibles lors de nos différentes ventes privées et à notre showroom à Angondje où nous recevons sur rendez-vous.
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