Rappelez-vous le mois de janvier. France et le Gabon retiennent leur souffle et découvrent une nouvelle voix : celle de Fabienne della Moniqua qui lors de sa participation à The Voice offrit une interprétation mémorable d’une reprise de Pink Floyd. Aujourd’hui, la belle gabonaise aux pieds nus a retrouvé son Auvergne d’adoption. L’occasion pour GabonCélébrités de revenir avec la chanteuse sur son parcours.
GB : GabonCélébrités
FDM : Fabienne Della Moniqua
GB : Comment avez-vous été initiée à la musique ?
FDM : C’est à l’église que j’ai commencé à chanter. Je n’étais encore qu’une petite fille mais je chantais déjà très fort et à la messe on n’entendait que moi ! Mais jusqu’à 23 ans, je ne considérais pas que le chant puisse constituer un métier. Je n’ai pas fait des études de chant mais un deug de Bio. A part une participation à l’orchestre du collège, je n’envisageais pas de faire de la musique autre part que dans le cadre de l’église où j’amenais d‘ailleurs toute ma famille pour chanter avec moi.
GB : Qu’est ce qui vous a donc amenée à passer le cap et envisager le chant de manière professionnelle ?
FDM : Les choses se sont faites très naturellement. J’ai épousé un français que j’ai connu au Gabon, et un jour, durant des vacances en France, j’ai poussé la porte du Conservatoire de Clermont Ferrand où j’ai passé une audition. J’ai été prise et quand nous avons déménagé définitivement, j’y ai pris des cours d’art lyrique pendant trois ans. Parallèlement, j’ai suivi une formation en musiques actuelles. Au bout de trois ans, il m’a fallu choisir : Maria Callas ou Aretha Franklin ? Vous devinez qui a gagné … Mais, au départ, je suis venue en France pour suivre mon mari. La musique s’est installée dans mon quotidien par la suite. Dans ma famille, on considère que le chant est un divertissement, pas un métier. Avant la France, je ne savais même pas que l’on pouvait vivre de la musique.
GB : La transition a cependant dû être délicate. On ne devient pas chanteuse ainsi. Vous pouvez nous raconter ?
FDM : J’ai toujours su que je ne resterai pas au Gabon. Je ne sais pas pourquoi. Je suis la seule métisse d’une famille de cinq enfants et peut être que je n’ai pas été élevée comme les autres. Je n’ai jamais eu de petit copain gabonais. J’ai également été à l’école dans un établissement français au Gabon. Donc, dans mon esprit, il était clair qu’un jour je partirai. Quand je suis arrivée en France, mon premier objectif était de travailler. C’est là que j’ai découvert le statut d’intermittent et rencontré d’autres musiciens. Ce statut permet une vie facile alors qu’au Gabon, tu fais un concert, tu gagnes 1000 CFA. En France, je trouve que les choses se passent de manières normales, naturelles. Du coup, les choses sont simples dans ma tête, sans souci ce qui me permet de gagner en assurance. Pour moi, être métisse, cela signifie vivre avec la possibilité du choix. En tout cas, mon éducation m’a amenée à penser ainsi. Jusqu’en terminale, je ne savais pas ce que je voulais faire. On peut dire que ma vie a commencé quand je suis arrivée ici.
GB : Comment se sont passées vos premières semaines en France ?
FDM : Au début, c’était très dur. On vivait dans une maison isolée, en Haute Loire, sans voisin immédiat. J’étais entourée par les arbres… Clermont, par contre, est une ville magnifique. J’ai également tenté de vivre à Paris mais je n’ai pas supporté : c’est une grande ville, du monde partout. Paris est une ville dure à vivre. Ici, en Auvergne, c’est plus facile de faire sa place. Et je n’avais pas l’intention de changer de vie après The Voice.
GB : Quel est aujourd’hui votre rapport au Gabon ?
FDM : Maintenant, j’aimerais y retourner. Il faut dire qu’avec mon passage à The Voice donc à la télévision, les gens se rendent compte de la réalité de ma carrière. J’ai acquis une légitimité vis-à-vis de ma famille également qui se rend compte que chanter, c’est vraiment mon métier. J’aimerais aussi retourner au Gabon pour pouvoir dire merci à tous ceux qui m’ont soutenue pendant The Voice. Enfin, j’aimerais organiser un concert là-bas, pour tous les Gabonais mais en particulier ceux de ma ville Port Gentil. Ce fut une fierté et un plaisir pour moi de recevoir tout ce soutien de mon pays. Donc, avec ma mère, on essaie de tout organiser pour que je puisse venir chanter bientôt.
GB : Revenons, s’il vous plait, sur l’expérience The Voice ? Que vous a-t-elle apporté ?
FDM : Tout d’abord beaucoup de demandes d’interview ! (rires) Et puis, surtout, de la reconnaissance, ici dans ma Région, en Auvergne. J’ai été très touchée par le fait que mon premier message de soutien ait été envoyé par le Conseil Général de la Haute Loire. Après, la reconnaissance, ce sont aussi des gens qui te reconnaissent dans la rue et d’autres qui m’appellent pour me proposer des contrats. Voilà, la grande différence aujourd’hui, c’est que les gens viennent à moi.
GB : Et comment avez-vous vécu cette expérience télé ?
FDM : C’était super ! L’émission m’a permis de vivre une belle aventure et de faire de belles rencontres. Durant tout le programme, c’est-à-dire d’aout 2013 à janvier 2014, j’ai pu travailler avec Mika bien sûr mais aussi Florent Pagny et avoir de vrais coachs vocaux. The Voice c’est toute une équipe en fait. Et ils m’ont tous beaucoup appris. Les retours du public, les remarques du jury, également ça aide à te construire. Aujourd’hui, j’ai gagné en assurance et ai plus confiance en moi. Oui, The Voice, c’était vraiment une super expérience à vivre.
GB : Quel est aujourd’hui votre quotidien musical ?
FDM : Au quotidien, je participe à 3 formations Gospel, chante du blues, des reprises. J’anime également des ateliers de chant dans les écoles. Mais surtout, avec mon ami, on travaille à la composition d’un album. Lui joue de la guitare et de la cornemuse et moi j’ai écrit les textes en anglais et dans ma langue, le myènè. Notre duo s’appelle Akya. Je n’avais pas envie de musique africaine sur des paroles africaines d’où ce choix de la cornemuse. Ce sont des compositions plus intimes dans lesquelles je pousse moins ma voix. Il me reste une chanson en français à écrire mais sinon je préfère composer dans ma langue car on ne chante pas comme l’on parle. Concrètement, nous assurerons la première partie du concert de Moriarty au Sémaphore à Clermont Ferrand et devrions sortir un album de 6 titres assez vite
GB : Une question que l’on se pose quand on assiste à vos performances : pourquoi chantez-vous pieds nus ?
FDM : Parce que les chaussures sont trop lourdes (rires) ! Je suis mieux pieds nus pour décoller. Quand je chante, j’ai besoin de sauter partout, surtout pour tout le répertoire Funk ou Disco. Alors, j’enlève mes chaussures.
GB : Un mot de conclusion ?
FDM : J’aimerais encore une fois remercier tous les Gabonais qui m’ont soutenu, en particulier ceux de Port Gentil et ceux qui chantaient avec moi petite fille !
Pour en savoir plus http://www.fabiennedellamoniqua.fr/
Photos credits. The voice/www.fabiennedellamoniqua.fr