C’est devant un public conquis et comblé que Ghasa Ondo a présenté samedi soir son second long métrage dans la salle mythique de Libreville, le Komo. Comment bouder son plaisir en effet devant cette peinture « en-chanté » mais pourtant réaliste du milieu de gangs dans la capitale gabonaise ?
Si de Jacques Demy à Vicente Minelli, le cinéma occidental a souvent fait pousser la chansonnette à ses acteurs pour mieux souligner la cruauté de ce monde, on ne peut que se féliciter que la recette cette fois ci soit appliquée à un cinéma revendiquant son identité africaine tout son inscription dans les univers contemporains et urbains du slam et du rap. En témoignent deux moments forts de la projection dont celui donnant son titre au film ou encore celui où les protagonistes arrivent au village.
Life is unfair nous livre en effet la peinture de deux frères englués dans l’univers du caïdat gabonais où si l’on a le cœur grand, la vie ne manque pas pourtant d’être injuste : la petite amie d’un soir se retrouve agressée, le petit frère poignardé. Le vice se paye semble nous dire Ghasa Ondo et l’harmonie se pourra être retrouvée qu’au sein du village et de la forêt.
Bien sûr, on pourra regretter le caractère quelque peu naïf de ce message, tout comme une volonté parfois trop marquée du réalisateur, pratiquant à l’excès les champs-contre champs, la saturation des couleurs, un scénario à la complexité un peu vaine compte tenu du dénouement ou un montage cut souvent trop serré. Comme s’il craignait que l’on s’ennuie.
Pourtant Ghasa Ondo sait être émouvant lorsqu’il s’attarde. Les plans de nuit de Libreville, le choix de certains décors librevillois, les gros plans sur des visages où naît l’amour, l’intermède comique du retour des deux mafiosi au village natal sont autant de moments délicats que le public réceptif a d’ailleurs salué.