Serge Abessolo est sans nul doute l’un des acteurs du cinéma gabonais les plus doués de sa génération tant sa filmographie parle en sa faveur. Aujourd’hui son talent est reconnu au-delà de nos frontières, des producteurs et réalisateurs dans le monde n’hésitent à faire appel à lui pour des séries et films de bonne facture. Dans cette interview exclusive, l’acteur relate ses différents projets de cinéma en cours et à venir.
Gabon Célébrités : Bonjour Serge Abessolo, merci pour votre disponibilité malgré votre emploi du temps chargé, comment allez-vous ?
Serge Abessolo : Je vais bien, Merci.
G.C : Vous êtes un acteur de cinéma, quel a été l’apport de cette passion dans l’homme que vous êtes devenu aujourd’hui ?
S.A : La patience et la recherche de la perfection. Au cinéma, on joue plusieurs fois la même scène et on choisira au montage la meilleure prise.
G.C: Auriez-vous envisagé faire carrière dans un autre art que le cinéma ?
S.A : Oui j’ai toujours apprécié la musique, jouer à la guitare basse, et à la batterie.
G.C: Votre talent va au-delà des frontières car vous occupez le personnage principal d’une série étrangère intitulé ‘‘ La parfaite inconnue ’’, déjà comment avez-vous obtenir pour ce 1er rôle ?
S.A: Youssou Ndour me faisait remarquer “qu’on n’a pas besoin de s’installer en Europe pour qu’on vous reconnaisse comme bon “. Il vit à Dakar, est invité partout dans le monde et reviens chez lui. Votre talent parle pour vous, et si on vous le reconnaît, on vous sollicitera.
G.C : De quoi traite la série ?
S.A : C’est l’histoire d’un homme “vache” qui délaisse (mal mauvais comme on dit au Gabon) sa femme au profit de sa maîtresse. Le réalisateur souhaitait me donner un rôle différent de ceux que j’ai joué auparavant.
G.C : Il y en a une autre dans laquelle vous figurez également, c’est la série ‘‘Aimer malgré lui’’ réalisée par l’actrice Habi Toure, une série tournée entre la France et la République Centrafricaine. Expliquez-nous votre personnage dans cette série ?
S.A : Dans cette série, j’incarne le rôle d’un médecin dans un genre de camp pour réfugiés.
G.C: Quels sont, selon vous, les ingrédients pour être un bon acteur, une bonne actrice de cinéma ?
S.A : Il ou elle doit posséder 2 choses essentielles: une bonne expression corporelle et une bonne rhétorique.
G C: Quel regard portez-vous sur le cinéma gabonais ?
S.A : Je trouve qu’il évolue en dents de scie ! Un coup on monte puis on redescend… Dans les années 60, nous étions parmi les premiers films africains au festival de Cannes. Nous étions partis sur une bonne lancée. Plusieurs années après, on a été absent, mais lorsqu’on y retourne c’est avec une Palme d’or à Cannes junior avec “Dolé” de Imunga Ivanga puis “Tanit d’or ” á Carthage, les Couilles de l’éléphant font l’ouverture du FESPACO en 2001. C’est dire que nous ne produisons pas beaucoup mais lorsqu’on sort un produit, on le veut de très bonne facture.
En dehors de l’IGIS, il y a pas mal de réalisateurs qui font des films qui hélas ne plaisent qu’à eux seul. Mais voyez vous, le cinéma c’est un art qui demande donc la maîtrise d’une certaine technique, et comme chantait Georges Brassens “sans technique un don n’est rien qu’une salle manière “. On peut démarrer sur le tas et se trouver le moyen et surtout la volonté d’aller vers la “norme”, vers la perfection. Dieu merci il y en a qui l’on comprit.
G.C: Des solutions pour que cela s’améliore ?
S.A: Des stages de perfectionnement, oser demander conseil aux anciens. Aller dans les festivals regarder ce que font les autres. L’IGIS organise parfois avec le concours du Ministère de la communication des ateliers d’apprentissage et de perfectionnement. Un film c’est une belle histoire, bien écrite (donc savoir écrire un scénario), un bon casting, une bonne direction des comédiens.
G.C : Quels sont vos meilleurs souvenirs dans le cinéma ?
S.A : Mon meilleur souvenir demeure mon premier tournage, “Orega” de Marcel Sandja.
G.C: Le Mardi 07 Juin dernier nous apprenions le décès du père du cinéma gabonais, M. Philippe Mory. Comment avez-vous accueilli cette terrible nouvelle et quel souvenir gardez-vous de lui ?
S.A : Ce fut vraiment une triste nouvelle comme vous dites. J’ai fait la connaissance de Philippe Mory pendant le tournage des “Couilles de l’éléphant “. C’était un monsieur simple, humble et très moqueur , plein de bonne humeur. Puis nous sommes allés ensemble avec Charles MENSAH en 2001 à mon premier FESPACO ( le film “Les couilles de l’éléphant “faisait l’ouverture du festival ). On a joué ensemble une fois de plus à Koula-moutou pour la série ‘‘Affaire Voisins ’’.
G.C: Vous avez aussi fait dans l’humour, en l’occurrence des one-man shows ou les spectacles de Fabio et Pitchou dont vous étiez l’initiateur. Aujourd’hui, on remarque que vous vous faites un peu rare dans ce domaine, pourquoi ?
S.A : Simplement parce qu’entre temps j’ai embrassé une autre carrière (administrative) en 2006 d’abord en qualité de chef de service du protocole, puis Directeur en 2009. Hélas, les deux activités n’étaient pas compatibles.
G.C : Que pensez-vous de l’humour gabonais actuellement, pourrait-il rivaliser avec les autres nations africaines et même ailleurs ?
S.A : Ou, bien sûr. Defundzu le prouve à suffisance aujourd’hui. Vous savez, lorsque j’ai débuté mon one-man show en 1993, j’avais choisi un créneau très utilisé aujourd’hui : Bon Chic Bon Genre. Des histoires entièrement en français. Je jouais déjà à Cap15 à Paris, j’allais déjà aux awards (nominé parmi les 3 meilleurs humoristes africains aux AFRICA Music Awards 1998 à l’hôtel Ivoire D’Abidjan ; Nar6 KOUOKAM du Cameroun, Serge ABESSOLO du Gabon et Wintinwintin et vieux foulards de la Côte D’ivoire). C’est dire que notre humour s’exportait déjà bien.
G.C : Quel est votre rêve concernant le cinéma africain ?
S.A: Qu’un jour nous arrivions à projeter nos films dans les grandes salles européennes et américaines (Gaumont , UGC., etc.).
G.C: La série MA FAMILLE revient bientôt sur le petit écran avec un nouveau titre “MA GRANDE FAMILLE”. La particularité dans cette nouvelle aventure est que le tournage se passe dans 5 pays différents (Burkina Faso, Benin, Mali, Cote D’Ivoire et Sénégal). Qu’est-ce que ça vous fait d’avoir été choisi dans ce fabuleux projet et de pouvoir jouer avec des grands noms du cinéma africain.
S.A : C’est un sentiment de satisfaction. C’est toujours important de constater que votre talent et vos efforts sont appréciés.
G.C : Avez-vous des projets de films qui arrivent ?
S.A : J’entame le tournage de la nouvelle série panafricaine “Ma Grande Famille ” dont on parlait précédemment, puis le long métrage “Kuntak” avec la réalisatrice camerounaise Françoise Elong et ‘‘River Hôtel’’ du réalisateur Didier N. Actuellement, je suis sur une série gabonaise qui s’intitule ‘‘Chez Ombalo ’’, le tournage débute le 08 Aout. Cette série, c’est l’histoire d’un homme appelé Ombalo qui a quitté l’administration pour ouvrir son bar, mais ce bar à la particularité de recevoir des clients qui chaque jour viennent discuter entre eux d’un sujet particulier. Donc à chaque épisode, une histoire, un sujet abordé par les clients dans le bar.
G.C : Quel est le trait de caractère qui vous définit le mieux ?
S.A: J’essaie de faire “chaque jour un peu plus et mieux que la fois précédente”.
G.C: Notre interview tire à sa fin. Avez-vous un dernier message à adresser à nos lecteurs et lectrices ainsi qu’un conseil à celles et ceux voulant aussi faire du cinéma ?
S.A: Oui juste leur dire que le cinéma est un METIER et pas un passe temps.
Gabon Célébrités : Merci Serge d’avoir répondu à nos questions, bonne continuation pour la suite de votre carrière.