Notre invité de la semaine est un homme dont la voix ne cesse d’enchanter et séduire celles et ceux qui l’écoute. Il enfile avec aisance et brio cette double casquette de Maître de cérémonie et d’artiste musicien comme ce fut le cas lors de l’ouverture de la 31e Edition de la dernière Coupe d’Afrique des Nations de football qui s’est déroulée au Gabon. Hanse Charly MOUNGNIENGOU c’est son nom, plus connu sous le pseudo Charly Tchatch; nous vous invitons à le (re)découvrir dans cette interview exclusive.
Bonjour Charly, bienvenue et merci d’avoir accepté notre invitation pour cette interview. Pourquoi avoir rajouté le “TCHATCH” dans ton nom de scène ?
Bonjour et merci à vous de m’accorder cette interview. Le “TCHATCH” qui compose mon nom de scène est le diminutif du mot “TCHATCHING” qui est une langue que j’ai créée et qui, au-delà de la langue, est une façon d’être et de faire.
En effet, le TCHATCHING est ce qui me définit le mieux car c’est l’art d’oser et de pouvoir faire ce que l’on ne vous croit pas capable de faire. Puisque c’est le résumé parfait de ma personnalité, j’ai donc trouvé logique d’ajouter à mon prénom Charly le “TCHATCH’’ pour former le nom sous lequel plusieurs me connaissent aujourd’hui.
C’est au stade de l’amitié d’Angondjé que tu as confirmé aux yeux du monde ton talent lors de la cérémonie d’ouverture de la dernière CAN 2017 en tant que Maître de cérémonie. As-tu toujours rêvé de vivre ce genre d’expérience?
Comme tous les gamins, j’ai eu des rêves et je rends grâce à Dieu qui aujourd’hui me permet de les réaliser les uns après les autres. Ma voix a toujours été mon principal atout et très tôt j’ai commencé à caresser le rêve de valoriser mon potentiel.
Comment, où, quand cela se ferait je n’en savais rien mais une chose était sûre, je me donnais à fond pour réaliser chaque petit pas pour l’atteinte de mes objectifs. Rien avoir avec de la prétention c’était mon rêve à moi. A un moment, la question de comment ferais-je pour que le monde entier entende ma voix s’est posée et la réponse à cette question m’a paru assez évidente : il fallait commencer par participer aux événements couverts par un grand nombre de médias.
Lorsque l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations a été attribuée au Gabon, je me suis dit que cette occasion serait une belle opportunité à saisir. Le comité d’organisation m’a offert cette opportunité et du fond du cœur je dis un grand merci.
Comment se passe la préparation dans les coulisses quand on est maître de cérémonie d’un événement si majeur ?
J’avoue que la préparation en coulisses est la phase la plus importante et la plus prenante. J’aime les choses bien faites et j’aspire chaque jour à être meilleur que celui que j’ai été le jour précédent, justement les choses bien faites requièrent beaucoup plus de préparation.
Il y a tout d’abord les séances de répétition avec les autres intervenants et le staff technique afin d’accorder nos violons. Lorsque le travail d’équipe s’achève, le travail personnel lui commence car avant un grand événement il faut sans cesse se remettre en question, essayer de trouver le juste milieu entre ma personnalité et ce que le public attend du maître de cérémonie ce qui n’est pas de toute aisance. Une fois sur la scène, seule l’ambiance de la scène et les réactions des gens font le reste.
Régis Massimba, l’un des meilleurs animateur et communicateur que nous ayons eu au Gabon te considère comme la relève et son digne successeur dans ce métier. Que réponds-tu à cela ?
Que Regis Massimba voie en moi son digne successeur c’est un honneur mais aussi une grande responsabilité car succéder à quelqu’un qui a travaillé plusieurs années durant et marqué autant les gens m’oblige à travailler trois fois plus. Seul le travail paye car pour y arriver je passe par beaucoup de travail et de privation.
Tu as beaucoup d’aisance à t’exprimer en public, un exercice qui n’est pas souvent facile pour tout le monde. Comment est venu ce déclic de développer ta prise de parole pour t’emmener au niveau où tu es aujourd’hui ?
J’ai eu la grâce de découvrir assez tôt que ma voix était mon passeport pour extérioriser mon potentiel et j’ai plutôt commencé par le chant. La prise de parole en public qui m’a menée à ma carrière de maître de cérémonie est arrivée plutôt naturellement au fil des événements dans la mesure où j’ai toujours su et pu rassembler des gens autour d’une cause commune.
A l’université déjà, les gens me nommaient “le journaliste” car mes prises de paroles étaient spontanées et se faisaient avec une certaine facilité, je ne me suis jamais vraiment posé la question de savoir si il fallait le faire ou pas. Utiliser ma voix m’a semblé être l’opportunité à saisir pour gagner mon autonomie.
As-tu un rituel particulier avant de monter sur scène, si oui lequel ?
Oui, j’ai mes petites habitudes d’avant-scène comme tous les artistes d’ailleurs. Avant chaque scène j’écoute de la bonne musique, je remets ma prestation entre les mains du Seigneur, car c’est lui l’architecte des dons, des talents que nous possédons par sa grâce et je pense très fort à mon objectif du jour et ça y est je suis prêt.
Une autre passion occupe une place importante dans ta vie c’est la musique, tu fais dans un mélange de Jazz, soul et d’opéra, mais le truc intrigant c’est qu’on ne comprend rien du message que tu véhicules quand tu chantes. Peux-tu nous éclairer à ce sujet ?
En général les artistes chantent pour passer un message en vue de sensibiliser sur un sujet précis et pour ça il faut que la chanson soit compréhensible, c’est leur manière de faire et ça fonctionne plutôt bien ainsi.
Moi je fais quelque chose de bien différent car donner des leçons ou dire aux gens ce qu’ils devraient ou ne pas faire n’est pas ma priorité, je veux avant tout transmettre à ceux qui m’écoutent une émotion, celle que je ressens quand je suis sur scène.
La signification des mots n’est pas le plus important pour moi, c’est de cette logique un peu particulière qu’est né le TCHATCHING, une langue que j’ai créée entre le français et l’anglais mais qui n’obéit à aucune règle syntaxique des langues qui existent déjà et dont les mots n’ont aucune signification grammaticale. Depuis que l’idée de créer cette langue m’est venue je m’épanouis un peu plus quand je chante, c’est en elle que je trouve mon inspiration. C’est la raison pour laquelle vous ne comprenez rien de ce que chante. La prochaine fois ne cherchez pas à comprendre ma musique, vivez la !
L’opéra, le jazz, la soul, c’est un genre musical que l’on retrouve plus chez les occidentaux, n’est-ce pas assez risqué de vouloir évoluer dans un registre qui n’est pas forcement prisé par le public gabonais ?
En fait, je ne trouve pas ma place dans le moule que la société m’impose. J’aime être libre et cette liberté m’emmène à faire ce que j’aime au détriment de ce que les gens voudraient que j’aime. Etre un artiste c’est aussi pouvoir trouver du plaisir dans ce que l’on fait car c’est seulement lorsqu’on est heureux qu’on peut, à travers son talent, rendre les autres heureux.
Nous africains, sommes aussi talentueux que les occidentaux et nous pouvons comme eux chanter ce que nous voulons comme nous le voulons. Les gabonais écoutent cette musique lorsqu’elle est chantée par des américains, mon défi est donc de les faire apprécier le jazz, l’opéra ou encore la soul chantés par un gabonais.
C’est peut-être risqué mais ne dit-on pas “qui ne risque rien n’a rien?” En plus il faut noter que ces différents styles de musique, trouvent leur source en Afrique, ceci veut dire que c’est à nous africains de donner la pleine mesure de la richesse émotionnelle des sonorités africaines qui ont migré vers l’occident au cours de la triste histoire de notre beau continent.
Des talents gabonais ne font qu’éclorent, on a pu le voir lors de la participation des gabonais au concours musical The Voice Afrique francophone, de Djaroule MKG arrivé en final de l’Afrique a un incroyable talent, NG Bling qui a été sacré Révélation Afrique Centrale au Canal d’Or à Yaoundé. Un avis sur leur parcours ?
Notre pays le Gabon n’est pas uniquement spécial pour la diversité de ses richesses , il l’est aussi par la qualité des talents insoupçonnés de notre belle jeunesse. Chaque fois qu’un gabonais se hisse en haut du podium, comme mes compatriotes NG Bling, ZANG Milama, Aubameyang, Géraldine robert, Bussine, Brake, Pascal Ango, Fredhy Koula, Waris Fatombi, Josiane Matene, Theophane, Awax , je suis heureux.
Il y a des lumières éclairées au Gabon et en Afrique qui donneront à notre continent la part d’idée, de projet, de leadership dont l’Afrique a besoin pour affirmer sa pleine capacité à montrer à la face du monde qu’elle peut, par une prise de conscience des intelligences africaines, apporter de réelles solutions aux difficultés actuelles sans se dépouiller de ses richesses par des contrats politiques, économiques honteux qui salissent son histoire.
En tant que jeune, je suis admiratif devant autant de travail et de volonté de réussite de la part de ces lumières éclairées. Notre belle jeunesse ne se lasse pas de bouger les lignes en dépit de l’absence de moyens.
Tu as été récemment nommé Conseiller chargé du suivi de la Mise Œuvre de la Politique Nationale de la Jeunesse. Comment vis-tu ce nouveau statut et comment comptes-tu contribuer pour la jeunesse ?
Je vis plutôt bien cette nouvelle responsabilité et je compte continuer dans ce que j’ai toujours fait : défendre les intérêts de la jeunesse et encourager les jeunes à croire en leurs rêves. J’ai fait de ce combat ma motivation quotidienne car la jeunesse est l’oxygène du continent et lorsque cette dernière a perdu tout espoir c’est à une nation malade qu’on a désormais affaire.
Mon but à ce poste est donc de conseiller sur les choix à faire en matière de priorités de la jeunesse conformément à la Politique Nationale de la Jeunesse du Gabon et de la Charte Africaine de la Jeunesse.
Au Gabon les talents sont là, mais un environnement culturel favorable à l’épanouissement des artistes est quasi inexistant. Pas de salles de spectacles par exemple, on est souvent obligés d’aller à l’Institut Français pour organiser des shows. En tant qu’artiste, comment cette situation pourrait-elle trouver une issue favorable ?
Vous faites bien de noter ce point un peu sombre dans le tableau culturel gabonais. A ce sujet, j’estime que les artistes devraient prendre ce problème à bras le corps car c’est une chose qui touche d’abord les artistes que nous sommes, nous devons donc, nous artistes interpeller très sérieusement le Ministère des Arts et de la Culture afin qu’il se penche sur la question.
Aussi, les artistes peuvent comme dans certains pays s’organiser en coopérative pour essayer déjà à leur niveau de trouver un début de solution à cet handicap. Je nous exhorte à continuer d’exercer et de procurer du plaisir aux fans avec ce qu’on a car rendre les gens heureux est ce qui devrait être notre priorité.
Nos lecteurs et lectrices te lisent, quel message aimerais-tu leur faire passer ?
A vos lecteurs et lectrices, je tiens à dire qu’au lieu d’attendre une chance qui viendrait de nulle part il faut apprendre à se créer soi-même sa chance c’est-à-dire qu’il faut se tenir toujours prêt à saisir la moindre opportunité. Que l’on soit jeune ou vieux, il n’est jamais trop tard pour croire en la réalisation de ses rêves, pour débuter une carrière et faire ce qu’on aime.
Tous les débuts de grands projets sont toujours semés d’embûches, mais quand on veut réaliser sa légende personnelle on ne lâche rien car les légendes ne reculent devant rien. Attendre que tout le monde soit d’accord avec vous pour vous lancer c’est prendre le risque de ne jamais rien réaliser car quoi que vous fassiez il y aura toujours à redire pour certains.
Tu as un rêve ? Alors garde les yeux bien fixés sur ton objectif et donne toi chaque jour un peu plus les moyens de l’atteindre.
Merci Charly Tchatch, on te souhaite que de la réussite dans le reste de tes projets.
C’est moi qui vous suis très reconnaissant pour avoir pris de votre temps en m’accordant cette interview. J’espère avoir pu répondre à vos questions et que vos lecteurs seront ravis d’en apprendre un peu plus sur moi. Puisse Dieu continuer de vous inspirer et de bénir vos projets.