Lecture en cours
Julie Kassa Mapsi alias Popolovescooking : « l’histoire d’une grande gourmande »

Julie Kassa Mapsi alias Popolovescooking : « l’histoire d’une grande gourmande »

L’influenceuse culinaire gabonaise, Julie Kassa Mapsi, a sorti en décembre 2021 son deuxième livre Wake Up Africa. Dans ce recueil de 70 recettes, PopoLovesCooking de son nom de blogueuse, offre une ballade culinaire consacrée aux brunchs et aux petits-déjeuners aux saveurs africaines. Qui se cache derrière cette étoile montante de la gastronomie africaine à l’esprit débordant ?



Comment tout a commencé ?


J’aime cuisiner depuis longtemps. C’est en faisant mon introspection que je me rends compte que j’aime la cuisine depuis toute petite. Je me revois fouiller dans les livres de cuisine d’une de mes grand-mères. Et très vite, je suis devenue le commis de ma mère lors des repas qu’on organisait puis par la suite, je l’ai remplacée.
Très tôt, j’aimais énormément recevoir. À partir de la classe de Seconde, j’organisais des repas avec mes amis à domicile avec des grandes tablées comme des buffets avec plusieurs plats. C’est une passion depuis l’enfance. C’est tout simplement l’histoire d’une grande gourmande.


Quel a été votre cheminement personnel et professionnel ?


J’ai fait un Bac général Economique et Social. Puis, je suis arrivée à Paris en 2013. Je me suis formée à l’École Hôtelière de Paris appelé le lycée Jean Drouant. J’ai eu une année de mise à niveau pour acquérir le côté pratique. À mon arrivée, j’ai constaté que plein de gens avait des blogs de cuisine. Étant en formation dans ce domaine, j’ai décidé de mettre en pratique tout ce que j’apprenais sur ma page Facebook intitulé PopoLovesCooking aux alentours de 2014-2015. Tout de suite, la mayonnaise a pris.

J’ai poursuivi avec un BTS où je me suis spécialisée en gestion hôtelière. Et pas en cuisine aussi étonnant que ce soit. Le travail en brigade, en cuisine, n’est pas fait pour moi. Je supporte mal les directives. J’ai préféré me diriger vers la gestion hôtelière. Tôt ou tard, si j’ai à coeur par exemple d’ouvrir un restaurant ou de faire quelque chose en rapport avec la cuisine, je pourrais me perfectionner. Pour moi, je ne me fermais pas les portes. C’est juste dans la continuité et c’est complémentaire avec ma passion.

En parallèle de mes études, j’ai toujours mené des projets comme la sortie de mon premier livre L’Afro Apéro en 2017. Cette idée est née suite à un de mes passages à la Fnac. J’ai été frappée par un constat: le manque de livres de cuisine sur la cuisine africaine subsaharienne. Ce livre reflète ma façon de penser et de voir les choses. Par ce livre, je voulais montrer qu’il était possible d’allier nos produits du terroir africain à un mode de consommation qui vient d’ailleurs comme l’apéro. Pour montrer qu’on a une cuisine contemporaine qui peut s’adapter à la fois aux personnes, aux générations et aux goûts alimentaires, aux régimes de tout un chacun. Le thème de mon livre était inédit à un moment où personne n’était dans cette tendance. L’Afro Apéro a reçu un très bel accueil. En y repensant, j’ai peut-être lancé un mouvement. Aujourd’hui, il y a une diversité incroyable de livres autour de la cuisine africaine.


Pendant ce temps-là, j’ai obtenu mon année de Licence professionnelle en hôtellerie de luxe et mon Master en management hôtelier. Période pendant laquelle, j’ai toujours jonglé entre le travail, mes études et ma passion.
À la sortie de mon Master en 2019, j’ai eu une année flottante, l’année Covid, et également l’année où je suis tombée enceinte. Pendant un an, je me suis consacrée pleinement à ma nouvelle vie de maman.

 



Quels sont les opportunités, les partenariats que votre parcours professionnel a pu vous permettre ?

Mon premier livre L’Afro Apéro m’a propulsé. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes connues dans le secteur de la cuisine afro en Ile-de-France. Elles m’ont tiré vers le haut. Ma participation au magazine Afro cooking de Kossi Modeste m’a permis de rentrer en relation avec la cheffe Anto Cocagne. De ce postulat, on a commencé à travailler ensemble sur plusieurs évènements. De recommandation en recommandation, j’ai commencé à me faire connaître. J’ai participé à des événements. J’ai pu animer des ateliers comme celui aux Galeries Lafayette durant la semaine de l’Afrique. J’ai donné des conférences sur la cuisine africaine.

J’ai commencé à avoir plus de visibilité. Donc à être considérée comme une influenceuse. Les partenariats ont suivi. Une grande partie de mon activité est la création de contenus pour des marques afro qui se lancent ou pour des marques comme le groupe Seb avec lequel j’ai travaillé. J’ai eu des partenariats avec des entreprises comme Johnson & Johnson, le Groupe Casino, la chaîne TV Cuisines officiel en Afrique. Je suis régulièrement contactée par des marques pour découvrir leur concept, leur restaurant ou tester un produit.
La période Covid a été un tremplin. Je me suis lancée dans la livraison à domicile de plats. Ça a été une expérience intense qui a connu beaucoup d’engouement. 

 

Arriver à concilier vie professionnelle et vie personnelle avec le bien-être au centre est compliqué au quotidien


Quel est votre vie en tant que jeune gabonaise à la fois salariée et blogueuse ?

Mes journées sont longues. Ces derniers mois n’ont pas été faciles pour moi pour diverses raisons dont la perte de mon père et ma rupture.
Depuis quelques mois, je suis mère célibataire. J’ai repris un emploi en tant que chef de projet chez Butard Enescot, un traiteur de luxe, depuis septembre 2021. Mon quotidien a pas mal changé.

A côté de mon travail, je mène mes activités d’auteure culinaire, de création de contenus et je fais des prestations tout en essayant d’être présente sur les réseaux sociaux. Je m’accorde du temps pour méditer la parole car je suis croyante et pratiquer une activité sportive. Et surtout prendre du temps pour moi dès que c’est possible. J’essaye d’avoir une vie sociale, normale et épanouie. Arriver à concilier vie professionnelle et vie personnelle avec le bien-être au centre est compliqué au quotidien. 

 

 

Pourquoi ce nouveau défi avec votre nouveau livre culinaire Wake up Africa sur le thème des brunchs et petit-déjeuners africains ?


Qui n’aime pas bruncher ? Aujourd’hui, c’est la base. Et comme j’aime bien faire des livres qui soient dans l’air du temps, c’était logique que le deuxième thème soit les brunchs et les petits-déjeuners.
Et c’est surtout qu’on a cette tendance à penser qu’il n’y a pas de petit-déjeuners type en Afrique. Alors que pas du tout. En fonction des régions, des pays même, l’appréciation du petit-déjeuner qu’on se fait est différente. Je voulais vraiment mettre en lumière tous ces petits-déjeuners qui ne sont pas connus et qui méritent d’être reconnus. Et montrer que le petit-déjeuner, c’est pas seulement les croissants, le chocolat chaud et les tartines-confiture. En tout cas, pas la caricature qu’on s’en fait. Dans mon deuxième livre Wake Up Africa sorti en décembre 2021, il y a à la fois des recettes traditionnelles, des recettes crées et adaptées avec nos produits locaux.


Pourquoi ce titre « Wake up Africa » ?

Le titre Wake Up Africa n’est pas anodin. C’est en lien avec la thématique du livre dédiée aux rituels matinaux qui sont le petit-déjeuner et le brunch. Et c’est également un message pour les Africains. Dans le sens où nous ne sommes pas assez conscients de notre richesse que ce soit dans la gastronomie, dans les arts ou ailleurs. Il y a énormément de choses à faire. On a un patrimoine à valoriser que personne ne fera à notre place.
Dans ce message, j’ai envie que le peuple africain se réveille. Et qu’on prenne conscience de nos forces, de notre richesse culturelle en tout point. De notre histoire qui est riche. Il faut qu’on apprenne à se soutenir et à consommer africain. Tout ceci participera à la valorisation de notre continent, de nos produits, de nos savoir-faire, de nos rites et même de nos façons de penser. C’est pour cela que j’ai choisi ce titre. Pour moi, c’est un titre parlant et impactant.

 



Quelle expérience tirez-vous de ce parcours ?

A lire aussi

Si je retiens une leçon de tout ce que j’ai fait jusqu’ici, c’est d’avoir été audacieuse. Ce qui
finalement m’a conduit là où je suis aujourd’hui. Qui ne tente rien n’a rien, c’est un peu ma philosophie. Les idées, c’est pas ce qu’il manque aux gens. Malheureusement, ce qu’il manque à certaines personnes, c’est ce petit grain de folie de se dire, j’ai une idée. Je me lance. Et je vois ce que ça donne. En tout cas, j’essaye.

Ensuite, j’ai appris la résilience. Sans elle, je ne serais pas parvenue à mes fins. Aujourd’hui, beaucoup de personnes abandonnent parce qu’elles manquent de combativité. La résilience, ça se cultive au quotidien. C’est une qualité que tout entrepreneur devrait avoir. Le fait de rebondir, de se relever après un échec et de relativiser en se disant que ce n’est pas un échec mais plus une leçon.


Puis, je parlerai de l’entourage qui participe à ta réussite. Pour moi, c’est primordial. Clairement, sans ma famille, mes proches et même sans ma communauté, je n’aurais peut-être pas fait ce que je fais aujourd’hui. La famille est le socle premier. Dans le sens où ce sont eux qui te soutiennent, qui te conseillent, qui te poussent à concrétiser et à avancer.
Et en dernier lieu, l’importance de se former même si c’est un domaine qui nous passionne et pour lequel on a déjà des aptitudes. Au final, c’est une belle aventure (culinaire).


Quelle est la suite pour vous ?

J’ai un projet de restauration pour le Gabon avec un concept autour du feu, de la braise que j’aimerai mener à moyen terme. À court terme, j’ai un deuxième projet. C’est une marque d’aide culinaire. Car moi, je combats le cube Maggi depuis un très long moment. Elle sera basée sur une gamme de trois produits. Des produits qui sont là pour nous aider à ne pas utiliser tous ces exhausteurs de goût. Il y a la gamme sur les bouillons naturels, celle sur les purées de piment. Dans cette phase, je m’appuierai sur la ferme familiale Saint Joseph au Gabon pour la fabrication des purées de piment. Et la dernière gamme sera sur les condiments, épices et sauces.


Après, j’ai comme projet d’avoir une maison d’édition pour la partie écriture de livre. J’aimerais éditer moi-même mon troisième livre.
Après mon projet de toute une vie concerne une autre de mes passions, l’hôtellerie. Ça serait d’avoir un hôtel avec restaurant. Pourquoi pas idéalement dans un parc national au Gabon. Ça serait mon but ultime.


Fiche d’identité d’une blogueuse culinaire

©Yann Megnane

Nom : Kassa Mapsi
Prénom : Julie, Paulette
Âge : 26 ans
Fruit préféré : cerise
Légume préféré : gombo
Repas préféré de la journée : dîner
Plat pour un diner d’affaires : magret de canard rosé, sauce odika, gombo poêlés et écrasé de manioc
Dessert pour un premier date : mi-cuit au chocolat, cœur coulant pâte d’arachide
Si j’étais un plat : Yassa


À découvrir

Les livres culinaires de Julie Kassa Mapsi sont disponibles à la commande sur son site. 


Commentaires Facebook

Copyright (c) 2013 - 2023 Powered by Hevron Roger

Défiler vers le haut
error: Contenu protégé