Il est des nuits où l’on touche à la grâce. Et c’est bien ce qui se produisit le week-end dernier à l’Institut français enveloppé pour deux soirées consécutives par la magie du chant de la belle Annie Flore Batchiellilys. Après trois ans d’absence, la diva gabonaise retrouva donc avec un plaisir évident un public auquel elle avait aussi visiblement manqué.
Emotions mais aussi bonheur de chanter furent au rendez vous. La fille de Mighoma prouva que sa voix n’avait rien perdu de sa force ni de sa profondeur tant dans les titres devenus tubes et repris en chœur par le public que lors de ses chansons qui constitueront son album à venir. On joua donc avec le Punu comme avec les « r » que fait rouler la belle dans la langue de Molière. Le tout bien sûr avant « d’inviter » chacun à découvrir le Gabon ou pleurer une Afrique trop lointaine pour celle qui vit maintenant dans le Sud Ouest de la France. Annie Flore sait assurément jouer sur des influences musicales allant de la variété à des rythmes plus traditionnels dont sa voix chaude se fait le creuset.
Si la musique fut bien sûr à l’honneur, Annie Flore prit soin également de créer une atmosphère intimiste mettant en valeur chacun de ses musiciens et artistes qui l’accompagnaient ce soir pour mettre en valeur et offrir l’opportunité qu’ils méritent aux jeunes talents gabonais trop souvent bridés mais aussi des grands noms tels que Angèle Assele ou Mackjoss lors de la première soirée .Une manière sans doute pour la chanteuse de reprendre le flambeau légué par Papa Akendegue qui avait su veiller sur l’essor de la jeune chanteuse dont la famille considérait le désir de faire carrière dans la chanson avec beaucoup de réticences.
La musique d’Annie Flore regorgea de talents musicaux et de chaleur humaine samedi soir. Les pieds nus et un sourire communicatif aux lèvres, la professionnelle de la chanson sut également surprendre en entonnant une série de reprise de standards internationaux à la sauce gaboma dont nous serions ravis de nous procurer l’album. La fièvre du samedi soir installée, elle alterna avec élégance anciens et nouveaux titres, jouant avec tous les membres d’un public aux visages métissés mais uni dans la danse et le plaisir. Une belle leçon de musique où se mêlent générosité et talent que l’on aimerait bien voir donner, comme le souhaita à voix haute la diva, en juin 2017 au Stade de l’Amitié. Car comme le rappela la chanteuse, ce fut déjà à l’Institut français qu’elle osa rêver devant tous du concert à l’Olympia qui se réalisa le 21 janvier 2008. Alors pourquoi ne pas rêver de nouveau ? A cœur généreux, rien d’impossible . Merci Annie !