Notre rédaction est allée à la rencontre de MASTER NO, de son vrai nom Frank Noël Makosso, artiste de poésie urbaine et double champion du Gabon en titre de slam, un art très en vogue au Gabon depuis plusieurs années. Ses débuts dans cette discipline, son projet d’album et sa vision du slam au Gabon constituent les points essentiels abordés dans cette interview exclusive. Découvrons !
Bonjour No, merci d’avoir accepté notre invitation afin de permettre à nos lecteurs de te connaître un peu plus. La première chose que nous aimerions savoir c’est la signification de ton nom de scène “Master No”.
Bonjour, réciproquement je vous remercie pour l’attention accordée. “No” qui est extrait de mon prénom Noël et de celui de mon fils Noah est aujourd’hui un concept que je porte en appellation, un peu comme “non” en anglais, c’est comme une position anticonformiste que je donne à mon art.
Pourquoi le slam et comment es-tu arrivé dans ce milieu ?
Depuis les classes du primaire j’écrivais déjà des textes de poésie urbaine sans savoir que cela était une discipline à part entière. Donc à ce niveau j’aurais du mal à dire pourquoi le slam, mais toutefois j’ai aimé du slam la liberté d’écrire sans règles et de dire sans manière prescrite.
Je déclamais mes textes de poésie urbaine au côté de rappeurs, ce qui d’ailleurs m’a donné un style très technique mais c’est le rappeur Lestat XXL qui m’a présenté à des slameurs gabonais qui eux se retrouvaient à l’Institut Français chaque samedi et c’est ainsi que ma carrière de slameur a pris une tournure officielle.
Je tiens à dire que c’est un rappeur français, “Disiz la peste” en 2001, qui m’a donné l’envie de m’exprimer poétiquement, parler de la rue et de sa vie avec splendeur, avec beauté et avec espoir.
Tu as été sacré 2 fois champion du Gabon de slam successivement. Laquelle des deux récompenses t’a le plus marqué ?
Déjà la 1ere était particulière, d’abord parce que c’était la 1ere et de par les participants à la compétition dont le vice-champion du monde 2013 contre qui j’ai gagné en phase finale. Cependant, la 2e c’est la réalisation d’un exploit qu’aucun champion n’a pu réaliser: remettre son titre en jeu et le conserver, donc c’est exceptionnel.
Parvenir à réaliser de telles performances, l’aurais-tu parié quand tu as débuté dans le slam ?
Pour moi, le plus important a toujours été le message à faire passer avant d’espérer une récompense. Je travaille pour être le meilleur messager donc quelque part cela ne m’aurait pas étonné.
De plus en plus de personnes se lancent dans ce domaine. On a pu l’observer lors du dernier championnat de slam que tu as remporté. Es-tu surpris de l’impact qu’il suscite chez les jeunes ?
Non, du tout. Avec des collègues, on travaille depuis 2009 sur l’animation d’ateliers dans des écoles et même aujourd’hui dans des quartiers, donc c’est surtout un fait qui répond à un taf en amont.
Quel est la cause que tu défends à travers cet art ?
Wow, euh…poète de l’oralité urbaine. Je suis humaniste, je n’ai pas une cause particulière, j’écris à l’oral pour donner une voix à ceux qui sont trop énervés pour parler.
Double champion du Gabon en titre, qu’est-ce qui explique que tu n’es pas du tout présent dans des compétitions internationales pour représenter ton pays ?
Je n’ai pas de réponses apparentes, mais je travaille dessus. Je suis un poète compétitif donc c’est un vœu que je nourris.
Quels sont selon toi les efforts qu’il reste à fournir pour amener cette discipline à la considération qu’elle mérite au Gabon ?
En France comme à Chicago, les artistes de slam poésie font des albums, des clips et même des concerts populaires. Il sied aussi que ceux du Gabon se professionnalisent, aspirent à être des artistes, faire des albums et autres. Et que par la suite les promoteurs leurs donnent une place sur les grandes scènes.
Prévois-tu de faire un album de slam ? Si oui de quoi traitera t-il ?
Oui, je suis en studio pour un projet intitulé “1472”. Je n’en dirai pas plus pour l’instant.
As-tu d’autres projets prévus ?
Oui, mais au moment opportun je communiquerai dessus. Je vais juste donner des noms : Corail King, Nick Ella, Neftali. Vous pourrez vous faire des idées.
Quelles sont les références dans le slam qui t’ont motivé à en faire ta passion ?
C’est drôle mais je n’en ai pas. La magie de mon histoire veut que je slamais avant de rencontrer le slam…pauvre petit garçon de la rue, inspiré par la belle expression urbaine, perdu au milieu des rappeurs mais qui lui, pensait qu’il écrivait en poésie des philosophies urbaines. C’est le rappeur Lestat xxl qui m’a dit que c’était du slam en 2006.
Nous arrivons au terme de notre entretien, un dernier message à nos lecteurs ?
L’aventure est attrayante, venez vivre et découvrir l’activité slam par son maître de cérémonie en suivant mes comptes Facebook, Twitter, YouTube. Il y a déjà un clip réalisé par David Mboussou qui annonce plein de choses. Demain sera beau #donnonsnousdelaforce.